A la première écoute, la sensation magique d'écouter un disque essentiel qui nous accompagnera pour le reste de nos jours devient évidente. Et il n'est pas étonnant qu'il s'agisse d'Ashram. En effet, le trio napolitain, auquel appartient le violoniste d'Argine, possède tous les ingrédients d'une aura divine magnifiée par des compositions inspirées et exceptionnelles. Rarement nostalgie bienfaitrice et modernité classique n'auront vécu en si parfaite symbiose. Un piano touchant, juste et émouvant, effleurant les notes pour mieux laisser le passage délicat aux caresses volatiles du violon, qui n'est pas sans rappeler les merveilles de l'aîné Argine, bien entendu, et qui constitue le véritable fil conducteur d'une œuvre sans pareille. Mais la magie d'Ashram, sa touche personnelle inimitable et évocatrice d'une perfection impressionnante reste la voix, celle époustouflante et belle à pleurer de Sergio Panarella, qui rend les compositions si émotives, rayonnantes, aussi lumineuses qu'introspectives. Quelques réminiscences à... De Colourbox surgissent, en mieux d'ailleurs. On pense également aux regrettés Black Rose. De superbes titres, calmes et sereins, emprunts d'une force intrinsèque rarement évoquée pour une instrumentation si réduite, pourtant renforcée par l'apport du violoncelle, et parfois d'une basse et d'une guitare, à la discrétion imposée. On pense aux heures les plus luxuriantes de 4AD, on imagine aisément Ivo Watts se mordre les doigts de ne pas avoir eu l'occasion de signer une telle merveille. Une musique volatile et profonde, un chant de sirène en terre prodigue, une longue complainte du Sud de l'Italie qui définitivement impose la Péninsule comme refuge de talents au niveau peu comparable ailleurs en Europe, si ce n'est Collection d'Arnell-Andrea ou Dark Sanctuary en France, ou Stoa en Allemagne (et j'en oublie forcément d'autres...).
Certainement le plus beau disque depuis la sortie de "It will end in Tears" et "Filigree and Shadow" de This Mortal Coil. Attention disque culte !