Que n'ai-je pas tant loué les premiers efforts de Lux Interna, d'abord sur leur cassette démo, puis sur
leur CD et vinyl " Truth and Beauty and all their Severity ", parus sur le fabuleux label allemand Eis &
Licht. Ce groupe américain possédait déjà ce petit plus qui les rendait si particuliers. Et voilà que
Joshua m'envoie 6 nouveaux morceaux, composés depuis le succès mérité de leur première réalisation.
Joshua m'avait averti vouloir explorer plusieurs voies musicales différentes à l'avenir, afin d'éviter
de stagner. Certes on reconnaît sa voix caractéristique, proche de celle d'Andrew Eldritch, mais les
compositions ont gagné en liberté et fraîcheur. Lux Interna vont où le vent les guide, évitant l'écueil
purement néofolk, pour se concentrer sur une musique devenue très personnelle, gagnant ses lettres de
noblesse et son indépendance. Pour notre plus grand plaisir, Kathryn pose sa voix sur un titre, et chante
sur plusieurs autres en accompagnement, apportant à l'édifice cette douceur et cette fragilité, parfait
contraste avec les sonorités sombres et hantées de Joshua. L'instrumentation est toujours aussi claire et
limpide, aux sons de la guitare, de la basse, des claviers et des percussions. L'ambiance folk et mystique impose un silence contemplateur, favorisant ainsi l'écoute. L'impression d'entendre une version gothique des chansons de Léonard Cohen s'intensifie au fur et à mesure des titres. Sur les 6 morceaux présents sur cette démo, deux figurent d'ores et déjà sur leur nouvel album qui vient de paraître sur Eis & Licht, "Absence and Plenum", qui constitue en fait leur premier véritable album. Ces deux chansons sont les excellents St. Peter's Cross et la délicate complainte Flowers under Glass. Je ne sais pas si les autres titres présents sur la démo seront sur le nouvel album, avec des titres différents, mais je l'espère, car ils en valent vraiment la peine, à commencer par le magnifique Europe's Green Remnants, bercé d'accordéon, entre Lonsai Maikov et Léonard Cohen. The Drowning explore une face beaucoup plus sombre, telle une longue descente aux enfers, le très beau The Vision and the Sword
s'approche des sublimes épopées de folk noir chères à Sol Invictus ou Backworld. Quant au seul titre sans
nom, il définit les contours d'une musique proche de Blood Axis, avec une mélodie imparable jouée au
piano, accompagnant un texte majestueusement récité. Une musique devenue encore plus mature, profonde et
sincère, dégageant une émotion vive et haletante.
Je ne peux que vous conseiller vivement l'album qui vient juste de sortir, assurant à Lux Interna
une consécration justifiée, plaçant le groupe parmi les meilleurs formations de folk noir actuelles.