Délaissant les paysages majestueux de l'Europe du Nord explorés dans leur premier album "Nordland", Apoptose nous revient avec un album construit autour du rituel des fêtes de Calanda. Calanda, petit village de la province espagnole de Teruel, voit chaque année, pendant la "Semaine Sainte" de Pâques, ses rues envahies par les villageois vêtus de longues robes sombres, qui vont battre leurs tambours nuit et jour. Les instruments résonnent alors pendant des heures et le village ne bat plus qu'au rythme de plus en plus hypnotique de ces tambours.... Ce rituel devient alors une véritable épreuve pour les joueurs qui témoignent par leur souffrance de leur dévotion. Les mains meurtries, le sang coule sur leurs instruments pour se mêler à celui séché des années passées...

Témoin de ce rituel en 1998 et sensiblement touché par cette expérience, Apoptose en est revenu avec des heures d'enregistrements sonores. Apportant une orchestration en parfaite symbiose avec l'atmosphère rituelle, Apoptose livre avec "Blutopfer" ("sacrifice de sang"), une oeuvre de très grande qualité.

L'album débute sur une très faible mélodie plutôt rituelle avant de laisser place à une déferlante sonore menée haut et fort par les tambours.
D'entrée, le pari est gagné tant le pouvoir d'attraction de la mélodie et du son authentique des tambours est présent... Le rythme, rapidement, devient hypnotique laissant percevoir l'état de transe dans lequel les joueurs - et les auditeurs - vont progressivement plonger. L'album ne perd à aucun moment cette intensité primaire. L'auditeur est transporté, obligé de suivre le rythme imposé par les tambours. Et si le rythme se ralentit, permettant de percevoir de lointaines voix d'enfants, c'est pour mieux laisser les tambours exploser et reprendre leur marche...
Une expérience unique pour l'auditeur...

Quant au superbe artwork, oeuvre de Ingo Lindmeier, respectueux de la couleur violette du rituel de Calanda dans ses moindres détails (jusque dans la couleur du disque), il vient sobrement magnifier l'ensemble.

L'hommage que souhaitait rendre Apoptose à cet évènement impressionnant est à tout point réussi. Le contenu sonore magistralement dominé par l'authenticité de la source d'enregistrement est soutenu par de longues plages ambiantes sombres. Le souci constant de servir le rythme ancestral de ces tambours est largement perceptible et fait probablement aussi toute la force de cette oeuvre.